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14 décembre 2017

Réalité augmentée et chatbots : quand la presse innove pour parler aux jeunes

Au salon de la Presse au Futur, plusieurs médias sont venus parler de nouvelles technos dont ils se sont emparés en vue de s’adresser à un jeune public. Ces quelques expérimentations font office de galop d’essai, que ce soit pour toucher un nouveau public ou pour optimiser l’expérience de ses jeunes lecteurs. Voici deux exemples qui ont retenu notre attention.

Un chatbot pour éclairer les jeunes sur l’élection présidentielle

Développé pour le Journal du Dimanche (JDD), en partenariat avec ZEENS et la plateforme Recast.AI, le chatbot surnommé Dédé a été lancé en mars 2017 à l’occasion de l’élection présidentielle.

Conçu comme un outil d’aide à la décision à destination d’un jeune public, Dédé comparait les programmes des différents candidats sur plusieurs thèmes et proposait même à l’issue de la conversation un pronostic sur le futur vainqueur de l’élection.

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Ce qui anime la rédaction du JDD, composée de 50 personnes, pour ce genre d’innovations ? Le renouvellement de son audience, en s’adressant à une cible plus jeune que ses lecteurs habituels, mais aussi l’éducation à l’information.

Partant du principe qu’ill faut aller chercher les gens là où ils sont, le JDD a travaillé pendant 3 mois sur ce bot Messenger avec ses partenaires.

Résultats : Dédé aurait atterri dans le top 20 mondial des chatbots pour le taux d’interaction. En effet, les gens aimaient discuter avec Dédé, trouver des réponses, faire des pronostics et parfois même l’insulter.

« On a ramené des utilisateurs sur le site. Ce n’est pas pour autant qu’on les a fait payer » nuance toutefois Cyril Petit, rédacteur en chef central du JDD.

Le taux de clic sur le site aurait tout de même été 3 à 5 fois supérieur que celui de la newsletter du média.

Un magazine jeunesse en réalité augmentée

Snappress, qui utilise la technologie de la startup Bear, a lancé en 2017 une application de reconnaissance d’image et de texte. Plusieurs magazines l’ont déjà expérimenté, à l’instar de Pif Gadget, qui souhaite faire connaître sa marque, créée en 1969 et surtout booster sa diffusion papier. La réalité augmentée permet en effet de dévoiler un monde digital sur de l’imprimé, à travers une multitude de contenus numériques (photos, vidéos, jeux, anmation 3D, offres spéciales…).

« Je me suis tourné vers la réalité augmentée pour un enjeu de marque et de différenciation dans la presse jeunesse. Je voulais une offre de magazine qui donne envie aux enfants de vivre une expérience avec le papier » raconte Frédéric Gargaud, directeur de rédaction Pif Gadget. Selon lui, « la réalité augmentée est un moyen parmi d’autres de remettre le lecteur au centre du projet éditorial et de le rendre acteur de son expérience de lecture. » Jérôme Idelon, Product Owner chez SnapPress met cependant en garde : « l’expérience doit être simple car la réalité augmentée reste un usage naissant et le papier n’est pas l’environnement naturel pour les contenus numériques. »

SnapPress et Pif Gadget ont ainsi balisé toutes les pages scannables du magazine, en indiquant à chaque fois clairement le bénéfice à y trouver pour le jeune lecteur. « L’expérience doit aussi être fondée : ça peut paraître un peu gadget mais il faut qu’il y ait un lien direct entre les histoires racontées et les contenus que l’on propose » poursuit Jérôme Idelon. Les jeunes lecteurs peuvent ainsi écouter une interview sonore ou vidéo en même temps qu’ils consultent le magazine.

Pour lancer ce premier numéro augmenté, pas d’embauche au sein de la rédaction de Pif. Le directeur artistique s’est occupé de concevoir les images animées (gifs, illusions 3D…) et les dessinateurs, eux, n’ont pas eu à recréer quelque chose de spécifique pour la réalité augmentée. L’équipe a ainsi tout conçu de A à Z, indépendamment de SnapPress et a intégré les contenus directement sur le backoffice de la solution.

Le magazine trimestriel augmenté est encore en vente mais 20% des personnes qui l’ont déjà acheté ont utilisé la réalité augmentée. Un indicateur encourageant, selon SnapPress. « En termes d’image, c’est bénéfique. On a inscrit ça dans le long terme car ça a pas d’intérêt de proposer cette expérience aux lecteurs une fois, en one shot » explique Frédéric Gargaud.

SnappPress se positionne comme l’acteur le plus économique du marché avec une facturation de la page à scanner à seulement 2 euros, peu importe le nombre d’exemplaires : « la technologie existe. Elle est abordable technologiquement mais aussi au niveau du prix. » Une techno qui laisse également présager de beaux jours pour le renouveau de la publicité … « Aujourd’hui, c’est l’éditorial qui drive la réalité augmentée. On n’allume jamais la télé pour mettre de la pub » rappelle toutefois Jérôme Idelon.

Un autre acteur de la réalité augmentée au service du papier connecté, Onprint, fait une percée importante dans le scolaire et développe des solutions auprès d’éditeurs de livres comme Hachette. Lauréate 2017 du Trophée des nouvelles technologies de la Presse au Futur, la startup, lancée en 2013, est aujourd’hui présente dans 11 pays et regroupe plus de 1000 utilisateurs.

De son côté, la start-up montpelliéraine Bear a fait son entrée dans la cour des grands avec le poids lourd de l’édition français Nathan.

À lire pour aller plus loin :

Lors de l’édition 2016 de Laval Virtual, des d’étudiants en Master 1 de SciencesPo Rennes avaient présenté une étude intéressante sur l’usage de la réalité augmentée dans la presse. Ils avaient imaginé et testé avec succès un dispositif auprès d’élèves de 5ème qui ont pu visualiser sur tablette un cœur en 3D accessible depuis un article imprimé. Explications.

 

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