27 juin 2016
Random : la websérie nantaise qui cartonne
La première saison avait été réalisée quasiment sans budget. La série se retrouve aujourd’hui sur la plateforme VOD de TF1 où elle a dépassé le million de vues.
Rémi Noëll et Sullivan Le Corvic sont tous les deux auteurs et réalisateurs de la websérie “Random”, un huis clos “paranormal” de science fiction, confrontant un groupe d’individus à un phénomène étrange qui les empêche de quitter leur appartement. Le premier épisode avait été visionné plus de 10 000 fois.
Les 12 épisodes (de 6 minutes chacun) de la première saison ont demandé au total 36 jours de tournage en un an. Le tout réalisé avec un budget quasi inexistant (un peu plus de 2 500 euros ont été récoltés via la plateforme de crowdfunding Ulule).
Côté business model, il y a le placement de produit et les partenariats mais, bien que “le format websérie existe depuis 10 / 15 ans, son modèle économique reste encore à trouver. » Rémi Noëll ajoute « quand rien est fait, tout reste à faire ». Et les deux Nantais n’ont pas attendu d’avoir un producteur et un diffuseur pour sortir la saison 1, sur laquelle ils ont travaillé bénévolement pendant 5 ans.
« Sans argent il faut réussir à trouver du temps et de l’énergie. »
La motivation, ils l’ont trouvé dans les compétences des professionnels bénévoles (acteurs, réalisateurs, équipe technique, post-production…) qui ont gracieusement accepté de rejoindre l’aventure : une vingtaine au total.
« Mobiliser 20 personnes bénévoles pendant un an, c’est difficile. Pour que le projet fonctionne, il faut réussir à créer une dynamique familiale. »
La saison 1 de Random a fait le tour du monde des festivals de webséries et a rafflé plusieurs prix (meilleure websérie dramatique en Sicile, meilleur casting à Rio, meilleure websérie dramatique à Dublin… ). Un tremplin pour la suite qui leur a permis de décrocher quelques contrats pour la diffusion, notamment avec la plateforme de VOD de TF1, le “netflix” de BNP Paribas et Canal Play.
« On n’a pas attendu l’accompagnement monétaire pour commencer la saison 1 et ça s’est avéré payant. La websérie va être jugée sur sa créativité narrative. »
Si le modèle économique de la websérie n’est pas encore construit et cadré juridiquement, ces partenariats assurent sans conteste une visibilité à la websérie et permettent de réinvestir l’argent dans la saison 2. Pour l’heure, deux producteurs sont intéressés par le projet, sur différentes phases de la production.
Sur TF1, Random a dépassé le million de vues en VOD. En termes de rémunération, la plateforme fonctionne comme YouTube, ce qui ne permet pas de créer une trésorerie pour un deuxième tournage « mais pour un partenaire privé, ce million de vues est très valorisant, notamment si on veut faire du placement de produit. »
« Il faut d’abord asseoir sa crédibilité puis gagner en visibilité pour déclencher des pré-achats ou des coproductions. »
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