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15 octobre 2015

Blendle, un nouveau modèle de revenus pour les médias ?

(Par Estelle Prusker-Deneuville, SciencesCom)

Créée en avril 2014 au Pays Bas par un jeune geek pour qui la presse ne répondait plus aux attentes des lecteurs, Blendle est une plateforme de micro-paiement à l’article qui revendique volontiers le terme d’ « itunes de la Presse ». Partant du constat que les lecteurs ont changé, son créateur, Alexander Klöplling, a ainsi imaginé une plateforme rassemblant l’offre la plus complète possible de titres et permettant ainsi aux lecteurs de consulter des articles à l’unité passant librement d’un média à un autre pour la somme de 10 à 0,99 centimes par article lu.  Duco van Lanschot, responsable du développement international chez @Blendle, était l'un des invités de la 6ème Conférence Nationale des Métiers du Journalisme qui s'est tenue à Paris le 1er octobre dernier. Son intervention fut particulièrement intéressante. La success Story de Blendle (Source le Tube C+) French TV about Blendle from Blendle on Vimeo. Un an et demi après son lancement, Blendle annonce 450 000 utilisateurs au Pays Bas, 1 million d’articles vendus avec plus de 70 titres référencés. Parmi les articles qui se vendent le mieux : enquêtes, interviews, articles long format. Le prix est fixé par l'éditeur (prix moyen d’un article 20 centimes) et Blendle en récupère 30 %. La start up vient de se lancer en Allemagne avec une centaine de titres référencés et les envies d’expansion ne s’arrêtent pas là.    Face à ce nouveau venu, les questionnements autour des risques de cannibalisation des abonnements et ventes au numéro sont légitimes. Blendle semble cependant avoir un atout pour rassurer le marché : la jeunesse de ses utilisateurs. Ainsi, selon Duco van Lanschot, « 2/3 des utilisateurs ont moins de 35 ans au Pays Bas et Blendle est la preuve que les jeunes sont prêts à payer pour de l’information  à condition de leur proposer un accès adapté à leurs usages ». Julia Jäkel, CEO Grüner+Jahr, interviewée par Frédéric Filloux dans Monday Note, confirme l'intérêt pour les éditeurs: « La vente d’articles à l’unité rencontre les attentes de la génération iTunes, habituée à consommer à demande et au micro-paiement. Les débuts de Blendle ont montré qu’il ne cannibalise pas d’abonnements existants mais attire des cibles jeunes non consommatrices jusqu’ici des offres médias traditionnelles. » L’ergonomie de la plateforme et l’expérience lecteurs sont particulièrement travaillés (accès en mobilité, mode de paiement simplifié, partage et recommandation,…), la lecture via les mobiles (smartphone + tablettes) représentant 60% du trafic total.  Enfin, autre particularité révolutionnaire pour un média : la possibilité pour un lecteur de demander le remboursement de l’article si celui-ci n’a pas répondu à ses attentes. La demande doit être justifiée et selon Blendle, seulement 5% des articles ont subi ce sort au Pays Bas.   CQOQOhkUcAE86oH L’offre et les avantages de Blendle pour les éditeurs Un temps observé avec méfiance, l’application semble intéresser de plus en plus d’éditeurs. Le New York Times et le groupe Axel Springer ont notamment investi 3 millions de dollars dans la start up l’année dernière. Et Blendle n’intéresse pas que les gros éditeurs : de nombreux titres de presse régionale allemands ou néerlandais sont également présents sur la plateforme. « Chaque matin, de jeunes et talentueux journalistes se lèvent tôt pour parcourir les nouvelles publications et sélectionner les meilleurs articles », explique Duco van Lanschot. Sur Blendle, on peut découvrir de bons papiers en suivant des amis ou des célébrités, en recevant des alertes email, en regardant les articles populaires ou en lisant les contenus classés dans différentes catégories (politique, muisque, technologie…). Les publications régionales peuvent donc elles aussi rencontrer leur lectorat et bénéficier d’une excellente portée. Blendle semble donc pour le moment s’inscrire dans une stratégie de complémentarité pour les éditeurs partenaires (réseau de distribution / lecteurs / revenus). Quant à savoir si ce nouvel entrant pourra prochainement se développer en France et bouleverser significativement et durablement les modèles d’affaires, il est encore trop tôt pour le dire. Des discussions sont actuellement en cours avec les médias français,  même si certains, comme Le Monde, ont déjà décliné la proposition d’association. A suivre !

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