21 juin 2017
5 conseils pour monter un média avec 0 €
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C’était quoi ? Atelier “Comment monter un média avec 0 euros” au 3ème Printemps des Médias
Où et quand ? À Paris, au Numa, le 10 juin 2017
Avec qui ? Jeremy Felkowski (Le Zephyr), Maxime Lelong (8ème étage), Anne-Sophie Novel (Revue Far Ouest), Martin Bodrero (Radio Parleur), Pierre Leibovici (L’Imprévu), William Buzy (La Part du Colibri)
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Qu’on se le dise : monter un média sans capital n’est pas une sinécure. Voici toutefois quelques précieux conseils délivrés par des médias émergents créés ex-nihilo.
Conseil N°1 : Ne misez pas que sur le crowdfunding
La campagne de financement participatif n’est pas un modèle économique. Elle semble être en revanche, un passage obligatoire pour se lancer.
Mathieu Maire du Poset, ex-directeur adjoint de plateforme de financement participatif Ulule, a pu constater à quel point les médias se sont vite emparé de cette source de revenu qui s’avère être un bon soutien à un moment donné de leur existence.
Contre toute attente, le crowdfunding est aussi bien convoité par les nouveaux venus que par les vieux routards : c’est le cas d’Alter Eco, qui, après 36 ans d’existence, s’est lancée dans la folle aventure du financement participatif pour développer sa nouvelle offre numérique, mais aussi de Terra Eco qui a pu financer son projet de relance ou encore de Nice Matin, racheté par ses salariés. Ces 3 exemples offrent à eux seuls un petit aperçu du champ des possibles du crowdfunding.
Et quand elle ne sert pas à se remettre en selle ou développer une offre qui serve de galop d’essai, la campagne de crowdfunding peut permettre aux médias émergents de “mettre le pied à l’étrier” : c’est le cas des Carnets de Kaïa qui s’apprêtent à proposer chaque mois en version imprimée une sélection de longs formats réalisés par des médias partenaires sur le web.
Le média, monté en association, compte sur l’effet levier des premiers abonnements pour enclencher une dynamique et pérenniser l’activité.
Depuis un an, les auteur(e)s de Revue Far Ouest préparent des feuilletons qui seront disponibles à partir de septembre prochain pour raconter le sud-ouest de la France entre journalisme et série documentaire. Pour finaliser la programmation de la première année, le média doit encore trouver 15.000 euros.
À travers cette campagne, la revue souhaite aussi fédérer une première communauté d’abonnés autour de son projet, en faisant de chaque donateur un pré-abonné. “Nous ne souhaitons pas demander un don, nous souhaitons obtenir une adhésion en tant que futurs lecteurs/abonnés.”
De son côté, Sans_A a rassemblé 37 000 euros pour son développement digital et sa production de contenus. 8è étage a récolté 17 000 euros pour développer son site internet, quant au Zéphyr, les 7000 euros recueillis serviront à concevoir une plateforme innovante donnant l’espace d’expression nécessaire au projet de ce labo démocratique.
Ces trois médias émergents témoignent de l’investissement nécessaire pour lancer une campagne de crowdfunding et du caractère chronophage de l’opération.
“On est focalisé sur la cagnotte et pendant ce temps-là, on n’as pas le temps de réfléchir au projet” regrette Martin Besson, à l’origine du média Sans_A, qui donne la parole aux laissés pour compte de notre société.
Il existe d’autres types de financement comme le dispositif fiscal associatif “j’aime l’info” qui permet au lecteur de défiscaliser le don jusqu’à 66%.
Le dispositif s’est d’ailleurs associé à Okpal, le nouveau service de collecte développé par Ulule qui permet de lancer une campagne en 2 minutes. Ce partenariat tout récent vise à faciliter la gestion des campagnes et à réduire la commission de l’association de 8% à 5%.
Selon Mathieu Maire du Poset, “la notion de don, que ce soit du crowdfunding ou du don pur et désintéressé va se démocratiser de plus en plus.”
Conseil N°2 : Échangez avec d’autres médias !
“Quand on lance un média, on est souvent dans une démarche vindicative à l’encontre des autres médias. On pense, à tort, que si l’on veut faire bouger les lignes il ne faut pas les fréquenter sous peine de se retrouver “formaté”.” déplore Maxime Lelong. Le fondateur de 8ème étage met en garde : “Attention à ne pas s’isoler, il est essentiel d’échanger avec ceux qui se sont déjà lancé et qui font vivre un média.”
Pierre Leibovici, responsable de la stratégie et journaliste à L’Imprévu le rejoint : “Ne faites pas l’erreur de penser que vous êtes tout seul. Via le SPIIL*, on s’est retrouvés à dialoguer avec des concurrents et à s’échanger des tableaux Excel stratégiques, des business plans, des contacts etc…”
Mathieu Maire du Poset, rappelle la nécessité de mixer les sources de revenus dès le départ pour arriver à trouver le bon modèle économique et pour ce faire, conseille d’aller voir ce qui se fait ailleurs : “tout ce que les autres ont testé ne marchera pas forcément pour nous mais c’est bien de voir ce qui est applicable au modèle qu’on développe. Il y a toujours quelque chose à en apprendre, à adapter…”
Conseil N°3 : Ne sous-estimez pas l’apport de votre entourage
Pierre Leibovici, (L’Imprévu), raconte comment s’est lancé le média : “À 5, on a cumulé 20 000 euros. On a crée une autre entreprise réunissant 60 proches au sein d’un collectif. Nos familles et nos amis ont mis au pot. La différence avec le crowdfunding, c’est que ce n’est pas seulement du don, ça embarque les gens avec vous.”
L’Imprévu appartient donc à ses fondateurs et à son équipe. Le capital de l’entreprise est constitué des apports personnels de chacun (au total plus de 35 000 euros) et est en parti détenu par la Société des Amis de L’Imprévu.
Cette société a été une source précieuse d’avis et de conseils sur le site et les articles, sur le fond comme sur la forme. Certains membres ont répondu à des questionnaires, sont venus aux événements organisés par le média (débats, ateliers dans des bibliothèques, interventions dans les écoles etc.).
“Ils ont été nos premiers testeurs, nos premiers abonnés, nos premiers ambassadeurs, nos premiers lecteurs.”
Conseil N°4 : N’ayez pas peur d’enfiler plusieurs casquettes
“En France il y a une frontière que l’on instaure entre les communicants et les journalistes, mais c’est essentiel qu’un journaliste maîtrise les compétences de communication pour promouvoir son média” déclare Jérémy Felkowski, co-fondateur de Zephyr Mag.
À entendre les fondateurs de ces médias émergents, monter un média implique de sortir de sa zone de confort et nécessite quelques sacrifices, comme “se former à la comptabilité … et manger des pâtes.”
Les entrepreneurs de presse indépendante doivent donc mettre les mains dans le cambouis pour toucher au code, à la vidéo, à la communication et donner la pleine mesure de leur démarche.
Conseil N°5 : S’armer de patience pour construire sa réputation
Martin Bodrero (Radio Parleur) fait de la réputation du média une priorité et pense avant tout qu’il faut laisser le temps aux médias d’instaurer leur légitimité. “On ne construit pas une audience mais plutôt une réputation.”
Même son de cloche pour 8ème étage qui souhaitait être visible le plus rapidement possible avec une sortie du site en 2014 et un appel à crowdfunding qui n’intervient qu’en 2015, pour laisser le temps au média de se faire connaître et de se construire une réputation. “Notre priorité à la création était d’acquérir un lectorat fidèle et une bonne réputation avant de mettre en place un modèle économique”.
Pour traduire la promesse éditoriale, l’équipe a lancé une campagne de communication pour sensibiliser les lecteurs au coût d’une information de qualité. “Arrêtons de nous excuser de faire payer l’information.”
Pour Pierre Leibovici (L’Imprévu), il est nécessaire de développer un argumentaire cohérent avec sa marque et d’expliquer précisément ses recettes et dépenses annuelles, comme le site le propose dans sa rubrique “Pourquoi s’abonner”. Cette volonté de transparence affirmée est selon lui un élément clé dans la construction de la réputation du média.
Jérémy Felkowski (Zéphyr Mag) souhaiterait que ce combat soit mené collectivement, de manière à ce que les médias indépendants aient tous les même discours.
.@zephyrmag : en tt que médias ns devons ns accorder sur un discours militant pr ss cesse rappeler que l’info a un coût #Printempsdesmedias
— Inès Slama (@InesSlama) 10 juin 2017
Une initiative de ce type a déjà été lancée avec La presse libre qui propose un bouquet d’abonnements à plusieurs médias partenaires (Next Impact, Les Jours, Arrêt sur Images…). L’idée derrière le projet est que les médias qui luttent pour une information de qualité seront plus forts ensemble, quitte à s’orienter vers une convergence éditoriale.
*Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne [/vc_column_text][symple_spacing][vc_column_text]À lire aussi dans “Chantiers numériques”, la veille collaborative du cluster Ouest Médialab :
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