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25 mars 2025

Retour sur la rencontre autour des nouveaux formats vidéos

Jeudi 19 mars, Ouest Médialab et l’École de design Nantes Atlantique organisaient une rencontre avec trois journalistes et vidéastes qui explorent de nouveaux formats audiovisuels. Voici ce qu’il faut en retenir.

Kolok, la chaîne YouTube de Ouest-France « long format » pour les jeunes

Bérangère Bourgoin, journaliste vidéo à Ouest-France, est intervenue en première lors de ce meetup pour présenter Kolok, la nouvelle chaîne YouTube de Ouest-France, dont l’objectif est « d’élargir la cible de Ouest-France et toucher les 18-25 ans« . Pour développer cette chaîne, le groupe a embauché une équipe de trois jeunes journalistes et un chargé de partenariats/marketing, pilotée par Loup Lassinat-Foubert, social media manager du quotidien. « On est consommateurs de vidéo comme notre cible, tout le monde a son mot à dire sur le choix des sujets.« 

Sur le ton, l’habillage, mais aussi le format des vidéos, Kolok se détache de la chaîne YouTube existante de Ouest-France. « On utilise le tutoiement, on parle comme si on était des copains, avec des formats incarnés et en immersion. Une vidéo de 10-15 min. sort tous les vendredis. Là où la chaîne de Ouest-France fait de l’actu. On propose 3 formats : actu, découverte et défi. L’objectif est de mêler infos et divertissement, en reprenant les codes des Youtubeurs« . Parmi les sujets traités, on retrouve par exemple un reportage sur le procès des harceleurs de la streameuse Ultia, une vidéo à la découverte du métier de menuisier ou encore celle d’un journaliste qui se lance le défi de participer à la course la plus dure du monde.

Lancée en octobre 2024, la chaîne compte 2 200 abonnés. « L’objectif est de fonctionner comme des créateurs de contenus en générant de l’argent, via des collaborations avec des marques par exemple ou la monétisation publicitaire sur Youtube« . Les vidéos en partenariat ne seront pas incarnées par les 3 journalistes de l’équipe, mais par une personne chargée du marketing.

Au Monde, le motion-design au service de l’enquête

Antoine Schirer, journaliste, réalisateur et designer, est ensuite intervenu pour présenter son travail auprès des médias et notamment du journal Le Monde et de la BBC, avec qui il collabore régulièrement. « Utiliser le design pour parler de l’enquête m’a toujours paru intéressant. Tout a changé après avoir vu un reportage du New York Times en 2018 mené avec Forensic Architecture qui utilisait des techniques d’investigation ouverte (OSINT). Ils ont utilisé des vidéos issues des réseaux sociaux, des sources sur place et de la 3D. Je n’avais jamais vu ça en France, mais j’avais les compétences techniques pour le faire.« 

Au même moment, la France est en plein mouvement des Gilets jaunes et la cellule vidéo du Monde se demande comment traiter les nombreuses vidéos que les journalistes voient passer sur le web. C’est en mobilisant ces techniques d’OSINT qu’ils ont enquêté sur la blessure d’un manifestant. « Plusieurs sources ont été utilisées : des sources ouvertes via des vidéos postées en ligne, des sources traditionnelles à travers une enquête de voisinage et des images de vidéo surveillance. » Le design sert à montrer la temporalité, à situer la scène, à mettre en exergue certaines information. « Cela permet de donner vie à l’enquête et vient servir le récit.« 

Osons comprendre, de YouTube aux vidéos sur abonnement

Dernier intervenant de ce panel, Stéphane Lambert est le cofondateur de la chaîne YouTube « Osons causer » qui est devenu un site de vulgarisation politique « Osons Comprendre ». « La chaîne a été créée il y a bientôt 10 ans. Au départ, nous étions trois amis en coloc à Paris, qui avions fait des grandes écoles et étions passionnés de politique. À l’époque sur YouTube, il n’y avait pas grand-chose côté politique à part Usul et Alain Soral. On a commencé à faire des vidéos éditoriales qui parlaient de l’actu politique. En 2016, on était parmi les premiers sur Facebook à utiliser le format carré avec les titres en bandeau, ce qui a participé à notre succès. » Clairement orienté à gauche au départ, ils ont collaboré avec Mediapart ou L’Humanité.

À partir de 2018, leurs chiffres d’audience baissent drastiquement suite aux changements d’algorithme sur Facebook. « On avait un million d’abonnés et quasiment plus aucune vues« . C’est à ce moment qu’ils décident de lancer « Osons comprendre ». « À cette époque, on en avait marre d’être dans l’actu politique. On avait envie d’aller vers un format de vulgarisation. On a lancé ‘Osons comprendre’. C’est un site qu’on aurait aimé avoir à 18 ans. L’objectif est de donner les bases sur tous les sujets politiques. On est plus dans la formation que l’information. » On y retrouve par exemple des vidéos sur l’origine du conflit israélo-palestinien ou encore une explication de ce qu’est le PIB. Les vidéos peuvent aller de 20 minutes à 1h30. « On propose des vidéos explicatives très sourcées. En bas, on a un onglet source et référence. C’est apprécié de notre public« .

Le site est en accès payant réservé aux abonnés, qui sont environ 3 500. « Sur le site, chaque vidéo fait quelques centaines de vues. C’est la frustration de ce modèle. C’est pourquoi on diffuse au bout d’un certain temps nos vidéos sur YouTube, où l’on a 400 000 abonnés. »