2 janvier 2017
Des journalistes et des algorithmes
Les vœux du président de Ouest Médialab
C’est toujours un réel plaisir de vous souhaiter à toutes et tous une très belle année.
Ceux qui, comme moi, aiment les chiffres, auront remarqué que 2017 est un nombre premier, le précédent était 2011, le suivant sera 2027. Ça ne sert à rien mais c’est toujours magique de se confronter à un concept simple avec beaucoup d’applications mais que personne ne maîtrise. Un peu comme les journalistes qui se sont beaucoup inquiétés en 2016 des « algorithmes ». Depuis 3 ans, certains bacheliers ont appris ce mot et développé leurs premiers algorithmes, sans même avoir un enseignant formé à cette science qui est mienne. Ainsi « l’algorithme Admission PostBac » (ou plutôt sa mise en œuvre informatique) est maintenant en open data pour que chaque élève de Terminale puisse vérifier qu’il n’y a pas de bug éthique.
Les journalistes avaient raison d’une certaine manière. Même si ce n’était pas le bon mot auquel ils s’attaquaient. Un algorithme est l’équivalent d’une recette de cuisine. Ce peut être une recette très précise (par exemple le jambon – mogette) ou bien un type de recette (le cassoulet), c’est selon. Toutefois, à partir des ingrédients de départ et de la description de l’accommodement, on est toujours capable de prédire le goût du plat. C’est justement ce qui change avec les nouveaux algorithmes, ceux dits « d’apprentissage » : on ne sait pas ce qui a été appris par la machine et ce qui ne l’a pas été. Le comportement de ces algorithmes ne peut être prédit comme cela a été montré avec Tay, le « chat bot » de Microsoft devenu raciste en moins d’une journée alors que ce robot devait simplement discuter avec des ados sur les réseaux sociaux.
Facebook, qui est devenu le plus grand média de la planète, a installé un centre de recherche en intelligence artificielle à Paris. Le fait que ce « FAIR » lab soit dirigé par Yann Le Cun, qui a fait son entrée au Collège de Franceen 2016, ne doit pas être le fruit du hasard. La modestie de ce Français qui travaille à New York depuis 1990 est grande lorsque l’on sait que les résultats de ses recherches indexent tous les contenus multimédia que chaque internaute publie chaque jour dans le monde. L’algorithme « PageRank » de Larry Page, cofondateur de Google fournit un autre exemple d’outil de base fonctionnant sur des PétaOctets de données de toutes sortes.
Nous savons déjà que ces nouveaux médias enregistrent chaque année un afflux de recettes publicitaires, déviées des médias traditionnels. Qu’une lutte frontale avec Facebook ou Google est impossible. Que nos médias n’ont sans doute d’autre choix que d’apprendre à utiliser cette force mondiale à leur profit. Et que les algorithmes n’en sont qu’à leurs débuts : il existe déjà des « algorithmes sur étagères » pour faire du « deep learning » (apprentissage profond, nouveau nom de l’intelligence artificielle). Le ou la journaliste de 2017 va devoir s’approprier ces nouveaux outils afin de générer de nouvelles données qui deviendront des sources d’information.
Ouest MédiaLab est à un tournant en 2017.
Le politique n’est pas en question : la droite comme la gauche sait et comprend la nécessité d’aider les médias à réussir leur transition numérique. Notre équipe a bien changée depuis un an. C’est avec joie que nous avons accueilli Elisabeth Turon, Léa Depond puis Denis Vannier. Philippe Roux, qui a tant fait depuis 5 ans pour que le cluster existe, part heureux, avec le sentiment du devoir accompli, vers d’autres horizons. Julien Kostrèche reste notre directeur du cluster en gardien du temple.
Comme nous vous l’avons expliqué lors de la dernière assemblée générale, Ouest MédiaLab est devenue en trois ans de fonctionnement une organisation solide dont les ambitions sont à la hauteur des vœux de ses adhérents. Dans les trois années à venir, nous allons nous déployer en régions Pays de la Loire et Bretagne avec les formats du cluster que vous connaissez déjà (HybLab, Médialab SpeedTraining, etc.). Mais nous allons également prendre de la hauteur et porter notre vision au niveau national, tout en restant ancré dans le Grand Ouest.
Nous avons de grands défis à relever. Ce sera pour vous et avec vous, ou cela ne sera pas.