19 décembre 2016
La monétisation : sujet incontournable du salon La Presse au Futur 2016
Peter Pontuch, cofondateur de Qiota – une solution qui permet d’acheter des articles premium à l’unité – était au Salon Presse au Futur. Voici ce qu’il retient au sujet de la monétisation, l’une des thématiques clés du salon.
Monétiser mieux pour monétiser plus
Si un éditeur veut améliorer sa monétisation globale, il doit commencer par exploiter pleinement le potentiel de monétisation de ses produits existants. Voilà un des messages clés de l’intervention de Jean-Charles Falloux, en charge du digital au groupe Les Échos. Or, les grands éditeurs de presse peinent toujours à rattraper leur retard technologique. Selon lui, ils doivent s’inspirer de l’agilité des jeunes sociétés innovantes, et adopter certains réflexes comme un pilotage des produits basé sur l’analyse des données et sur la valeur créée.
C’est en prenant en compte, dès le début du processus de production du contenu, les particularités du digital que l’on peut arriver à un vrai modèle de production unifié. Un desk dédié au digital peut ensuite dispatcher le contenu sur l’ensemble des supports et mettre en place une stratégie digital first, ce qui a été le choix du groupe Sud Ouest, selon son patron Olivier Gerolami.
Les paywalls à repeindre
La personnalisation des interfaces reste toujours en vogue. Mais elle touche désormais également les étapes en amont de l’acquisition du lecteur. En particulier, les paywalls s’assouplissent, s’individualisent et deviennent de plus en plus capables d’intégrer des données issues des systèmes de data management. Tout cela afin de permettre un verrouillage du contenu plus intelligent.
Par ailleurs, un paywall peut proposer des moyens innovants d’engagement du lecteur ainsi qu’élargir les options d’achat à travers des services de monétisation partagés. Plusieurs exemples de telles solutions de monétisation ont été présentées au salon, dont la vente à l’unité proposée par Qiota. Des groupes de la PQR (Ouest-France, La Dépêche du Midi, Sud Ouest) testent actuellement ces nouveaux outils.
Le reach ne veut pas encore dire rich
La dimension réseaux sociaux est à présent bien ancrée dans la stratégie des éditeurs, mais sa valorisation reste toujours à définir. A l’heure actuelle, c’est surtout le reach qui est poursuivi comme objectif. Cependant, les tunnels de conversion sur ces audiences restent assez limités. Là encore, les solutions de monétisation présentées au salon peuvent s’avérer utiles pour exploiter le potentiel des vastes audiences de non-abonnés issues des réseaux sociaux.
La ruée vers la data
La collection et l’utilisation des data comportementales des lecteurs est le grand sujet du moment pour quasiment tous les éditeurs. Pour la plupart d’entre eux, le chantier est en cours, notamment avec leur réintégration sur les systèmes de relations clients des éditeurs.
Tout d’abord, il s’agit de connaître ses lecteurs pour améliorer l’offre éditoriale, comme souligné par les interventions du groupe Figaro et de Reworld Media. Ensuite, la qualification et le ciblage publicitaire permettent une amplification considérable des CPM, permettant d’exploiter la proximité avec les décideurs et les acteurs économiques (c’est le cas pour Les Échos, la PQR). Le ciblage permettrait ainsi de renforcer le revenu publicitaire tout en diminuant l’exposition globale du lecteur à la pub.
Souvent, ce qui s’avère décisif pour la monétisation de ces systèmes est la masse critique des bases de données. Ce message a été particulièrement mis en avant par Olivier Gerolami, justifiant plus de mutualisation au sein de l’industrie. Enfin, une dose de scepticisme sain a été apportée par Eric Leclerc, le chef du digital du Groupe le Parisien, précisant que pour l’instant personne n’est capable d’estimer le retour sur investissement sur la data. Or, c’est précisément cela qui devrait être le critère du succès de ces projets, et non le fait que c’est simplement à la mode.
La bonne vieille diversification
L’une des principales diversifications citées par les éditeurs est, bien entendu, l’offre de services. D’abord, il s’agit des services aux entreprises (évènementiel, créa et conseil, marketing direct) qui proposent des synergies intéressantes, selon Les Échos, Sud Ouest ou encore le Figaro. Ensuite, ce sont les services aux lecteurs qui deviennent porteurs. Le Parisien utilise par exemple certains contenus gratuits, notamment dans le sport, pour attirer l’audience et faire payer l’immersion du lecteur dans l’action et la production du contenu (discussions avec les journalistes et les sportifs). Faire payer le contenu des éditeurs aux acteurs du big data a également été évoqué comme une piste de monétisation. Enfin, les investissements dans le capital des jeunes sociétés innovantes peut s’avérer deux fois gagnant : pour son effet bénéfique sur le climat d’innovation au sein des équipes de l’éditeur, mais également d’un point de vue financier. Plusieurs éditeurs ont récemment décidé d’incuber des startups au sein de leurs structures.