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26 mars 2015

Quel modèle payant pour les news magazines?

Tandis que Challenge peine à trouver de nouveaux abonnés avec son appli du soir, Les Inrocks repensent complètement leur offre digitale avec des contenus et avantages exclusifs.

Vincent-beaufils-speakerVincent Beaufils, directeur de la rédaction au magazine Challenge : « Le magazine Challenge en ligne, c’est 1,6 million de visiteurs uniques (V.U.) et 40% de part de marché sur le secteur des magazines économiques. Cependant, comme beaucoup de confrères, nous venons de subir la troisième année consécutive de baisse des revenus publicitaires. Nous avons donc souhaité développer une application pour réaliser un “stretching de marque”.  Nous avons d’abord tenté de séduire un public BtoB avec une appli d’information confidentielle lancée en 2013 et vendue sur abonnement 20€ par mois : Before Dinner. Un échec. » « Avec l’aide du Fonds Google, nous avons réalisé en 2014 une nouvelle application mobile plus orientée grand public, à 20 € par an cette fois. Elle a été lancée il y a maintenant 6 mois et s’appelle Challenge Soir. L’objectif était de lancer un “Le nouveau quotidien 100% digital de l’économie”, mais séparé du magazine Challenge classique, notamment parce que c’était difficile de faire travailler les équipes (50 pers) du print sur des projets digitaux. Pour Challenge soir, nous avons recruté 8,5 personnes chargées de réaliser chaque jour : 4 articles leaders, 4 graphiques, 4 citations, 4 experts regard sur l’actu, 4 infos confidentielles. » « Dès son lancement l’appli a été téléchargée 20 000 fois, mais nous avons vite déchanté après le premier mois gratuit. Le taux de conversion a été très faible : nous en sommes aujourd’hui à 2 500 abonnés cumulés, soit seulement 100 000 € de CA ! Moitié moins que notre objectif. Et la vente au numéro ne cumule que 30 à 40 exemplaires par jour. Or nos coûts sont de 500 K€ par an, soit 5 fois plus que notre business. L’aide du Fonds a couvert nos frais de départ, mais le fonctionnement n’est pas viable. » « En conclusion, il va falloir revoir notre modèle. C’est évident. Heureusement, cette expérience nous a permis de mobiliser et former nos équipes. Ce qui n’était pas gagné. Au départ, La rédaction a eu beaucoup de mal avec ce projet. L’obtention du Fonds Google nous obligé à faire vite, sans faire la pédagogie en interne. Or, dans cette aventure, il y avait avant tout un enjeu d’organisation. Heureusement, nous avons pu rattraper cet écueil avec l’instauration d’une conférence de rédaction chaque jour à 10h, ce qui a permis de mobiliser et d’expliquer. Au niveau interne là, Challenge Soir nous a vraiment aidé. Comme le dit Google : test and learn. Et nous, on a beaucoup testé et donc beaucoup appris. On n’abandonne pas ! » Fabienne-Martin-speakerFabienne Martin, directrice déléguée aux activités numériques aux Inrocks  : « Aux Inrocks, le constat c’est une érosion lente mais indéniable de la diffusion en kiosque : -13% chaque année. Heureusement, la baisse du marché n’est pas due à la qualité éditoriale, mais à un changement des usages. Ce qui a rassuré les journalistes. Toutefois, même si le taux abonnement reste stable à 55%, il y a une vraie difficulté à fidéliser les abonnés papier : 40% de nouveaux abonnés chaque année. Pour faire face, on a baissé la pagination et on crée une nouvelle offre digitale. » « Le online explose, nous avons un lectorat jeune et connecté qui a doublé en un an ! L’équipe éditoriale arrivée il y a 6 mois a fait un boulot remarquable (réseaux sociaux, canal de recrutement Facebook à 35%, Twitter à5%) avec un beau résultat : 1,5 million de VU/mois. Mais l’objectif est de transformer ce succès d’audience en abonnements et pour cela, il faut discriminer l’offre de contenu avec une offre innovante, de contenus et services, plaçant l’abonné au centre : formule numérique à 6,99€/mois, formule intégrale à 9,60€, contenus du journal réservé aux abonnés, contenu premium spécifique, journal en web dès le mercredi, pas de pub, un long format exclusif par jour (qui permet de réconcilier la rédaction historique), des newsletter tous les soirs, des invitations et cadeaux en push selon la localisation, des remises en boutique... Lancée il y a 3 ans, cette dernière activité double chaque année. La marge est forte donc il possible de faire des remises de 10 à 20% à nos abonnés. » « Cette nouvelle offre est lancée la semaine prochaine, nous n’avons donc aucun chiffres à communiquer. A ce jour, à une semaine du lancement, la vraie difficulté a été de mobiliser en interne les équipes, mais c’est fait et ça marche. On a réussi à mobiliser la rédaction, le service édition (qui saisit en direct dans le cms), le service vidéo et photo. De ce côté, c’est déjà un succès. »

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