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22 novembre 2016

Comment Ouest-France a conçu L’Édition du soir

Lors du dernier Medialab SpeedTraining, Edouard Reis Carona et Jean-Joseph Lattuada, respectivement éditeur et chargé du suivi technique de L'Édition du soir de Ouest-France, nous embarquaient dans les coulisses de cette édition 100% numérique. Retour sur ce chantier inédit pour un groupe de presse régionale.

En 2012, le journal a créé une direction numérique ainsi qu'une cellule de projets au sein du groupe Ouest-France afin d'amener de la nouveauté sur les supports mobiles et de réfléchir à de nouveaux produits. Ouest-France a tout d'abord proposé une version numérique du journal papier et de l'ensemble de ses suppléments avant de lancer officiellement en 2013, l’Édition du soir (environ 35 pages).
« La volonté était d’amener différents produits pour avoir un package numérique comprenant différentes offres. »
Plusieurs raisons ont poussé Ouest-France à proposer de nouveaux produits comme l'Édition du soir. Le groupe a voulu être le premier en France a s'insérer sur le marché de l'information du soir, déjà en pleine explosion à l'étranger. info-soir La montée en puissance des tablettes et la mobilité des lecteurs ont eu un fort impact sur la consommation : l'information plébiscitée est plus anglée et plutôt consommée en fin de journée. La démocratisation du double écran et la croissance du partage de l'information sur les réseaux sociaux ont également été des éléments pris en compte par Ouest-France. Le groupe a aussi souhaité co-construire le journal avec ses lecteurs.

Objectif 1 : Créer un usage et une organisation

Même si la tablette connaît un fort succès, elle n'attire pas à elle seule un lectorat suffisant. Ouest-France a donc décidé de capter un lectorat plus large grâce à une offre 100% numérique first (multi supports).
"Les habitudes de la rédaction ont été bousculées : il a fallu travailler dans l’urgence en journée, livrer des papiers plus tôt et plus anglés que dans le print."
La création de L'Édition du soir a permis d'amener de nouveaux formats de traitement l'information au sein de la rédaction et d'attirer un nouveau public : plus jeune et "hors zone" Ouest-France (40% du lectorat de L'Édition du soir n'habite pas dans l'Ouest de la France).

Objectif 2 : Créer une audience

Pendant plusieurs mois, L'Édition du soir a été proposée gratuitement. Le temps pour Ouest-France de trouver le bon positionnement éditorial. Les échanges quotidiens avec les lecteurs, les différents tests et évaluations ont fait évoluer le contenu du journal mais aussi l'équipe. Les journalistes ont été rejoints par des programmateurs informatiques, des spécialistes de la vidéo et du motion design. En peu de temps, Ouest-France a réussi à fidéliser une audience significative. Grâce aux capteurs Google Analytics placés sur toutes les pages, il a été possible d'analyser en temps réel la consommation des lecteurs et de mieux cerner leur profil et leurs attentes. Sur mobile et sur tablette, les temps de lecture mesurés sont conséquents et avoisinent les 20 minutes.

audiences

Objectif 3 : Trouver un modèle économique

L’Édition du soir est pour Ouest-France un véritable labo de monétisation des contenus numériques. Au départ, le magazine était intégré au pack 100% numérique qui comprend le journal du matin, l'accès aux archives du groupe et à l'espace abonnés sur le site web.
Ouest-France, qui compte actuellement 40 000 clients numériques, a ensuite souhaité proposer des abonnements solo à L’Édition du soir afin de "constituer une communauté de gens qui construise le journal avec l’équipe". Actuellement, cette édition représente entre 17 et 20 % de l’audience du site Ouest-France.fr : un beau relais de croissance. L’Édition du soir est actuellement le seul produit Ouest-France qui est en paywall. Les non abonnés sont incités à s'inscrire pour lire une partie des articles. Les revenus publicitaires sont ciblés : seuls les non inscrits voient la publicité. Ouest-France fait également paraître des numéros spéciaux co-brandés comme celui sur la Cop 21.

Coup d'oeil sous le capot

En septembre 2013, Ouest-France a retenu Twipe, une société Belge, produisant déjà un journal numérique en flamand : le DS-Avond. En octobre, la phase opérationnelle est amorcée avec l'objectif de lancer le produit le mois suivant. Un vrai marathon !  En quelques semaines, l'enjeu était de mettre en place une plateforme éditoriale pour L’Édition du soir :
  • Permettant de produire quotidiennement un journal numérique
  • Permettant une lecture multi-plateformes
  • Intégrée au système d’information de Ouest France
  • Monétisable via un paywall
  • Pouvant intégrer de la publicité sur condition
  • Disposant d’un dispositif d’analytics élaboré
  • Ouverte à des contenus interactifs
  • Disposant d’un système de notifications
L'équipe a choisi de réaliser la saisie des articles dans la plateforme éditoriale du quotidien Ouest-France. Ensuite, la plateforme de Twipe les récupère pour les intégrer automatiquement sur les différents supports. L'outil CMS est en Saas et fonctionne en "drag and drop" et est utilisable en mobilité. twype

La conception d'un numéro

Etape 1 : définir un déroulé (choix du template, déplacement des pages dans le déroulé, etc.) twipe-mise-en-page   Etape 2 : alimenter les pages
pageof Etape 3 : saisir les articles Etape 4 : publier (preview online, publication à destination de terminaux "privés", etc.) Etape 5 : faire la promotion (newsletter, réseaux sociaux et intégration des pages sur le site et les applis Ouest-France) Actuellement, les choix éditoriaux sont propres à L’Édition du soir qui produit du contenu avec son réseau de 200 correspondants et pigistes répartis dans le monde entier. Les journalistes du magazine assurent eux-même la promotion des contenus sur les réseaux sociaux. A terme, Ouest-France projette de s'orienter vers une banque de contenus où tous les journalistes produiront du contenu en fonction de leurs connaissances et de leurs informations. Les papiers seront triés puis publiés sur les supports correspondants.

L'intégralité du retour d'expérience de Ouest-France en vidéo :